Que faire en cas de mise à pied conservatoire ?

Que faire en cas de mise à pied conservatoire ?
Mince ! J’ai commis une faute au travail et mon employeur souhaite me sanctionner. Ne vous inquiétez pas, l’article vous aidera à mieux comprendre de quoi s’agit la mise à pied conservatoire.
 
La mise à pied conservatoire se défini comme le fait pour un employeur, de répondre au salarié lorsqu’il commet une faute, en suspendant son contrat de travail. Lorsque la gravité de la faute commise remet en cause la présence du salarié dans l’entreprise, l’employeur peut prononcer une mise à pied conservatoire. La mise à pied conservatoire consiste à éloigner précautionneusement un salarié de l’entreprise, de façon temporaire et dans l’attente d’une sanction définitive.
 
La mise à pied conservatoire est régie par l’article L.1332-3 du Code du travail qui dispose, que lorsque les faits reprochés au salarié ont rendu indispensable une mesure conservatoire de mise à pied, aucune sanction définitive relative à ces faits ne peut être prise, sans que la procédure prévue à l'article L.1332-2 ait été respectée. La procédure visée à l’article L.1332-2 est celle nécessaire à la bonne application de cette mise à pied.
 
Il existe aussi la mise à pied disciplinaire, dans ce cas le contrat de travail est suspendu, le salarié n’exécute pas son travail et ne perçoit pas de salaire. La mise à pied conservatoire accompagne généralement, les procédures de licenciement pour faute grave ou pour faute lourde, elle constitue donc une mesure d’urgence.
 
Dès lors qu’elle est prononcée, la mise à pied conservatoire a ainsi pour effet de vous empêcher d’exécuter, votre prestation de travail et de vous interdire de revenir dans la société, ce qui vous prive donc de votre salaire le temps de cette mise à pied.
 
Lorsque l’employeur envisage de vous licencier pour faute grave, il vous adresse une lettre de convocation à un entretien préalable, assortie d’une mise à pied conservatoire jusqu’à la date fixée pour ce rendez-vous. Cette mesure est encadrée par la législation travailliste, le droit social va donc régir tous les éléments liés à la mise à pied conservatoire.
 
Vous devez savoir quels sont les conditions pour se voir être mis à pied par l’employeur (I), ainsi que sur l’ensemble des recours possibles pour contrer la décision (II).
 

 I. Dans quel cas la mise à pied conservatoire est prononcée ?

 
La mise à pied conservatoire sera prononcée si vous avez commis une faute d’une suffisante gravité.
 
La jurisprudence a tendance à considérer que la mise à pied constitue une sanction disciplinaire au sens de l’article L 1331-1 du Code du travail. Mais toutefois attention, ce n'est pas une sanction disciplinaire, c’est une mesure provisoire en attente d'une sanction ou d’un licenciement.
 
La mise à pied conservatoire est obligatoirement suivie d’une convocation à un entretien préalable. Il n’y a pas de délai légal entre le début de la procédure et la convocation mais la jurisprudence exige que l’employeur agisse dans un temps raisonnable. Si la convocation est tardive, les juges n’hésiteront pas à requalifier la mise à pied conservatoire en mise à pied disciplinaire.
 
En effet, la chambre sociale a jugé excessif un délai de 4 jours entre la notification de la mise à pied conservatoire et l'envoi de la convocation à un entretien préalable dans son arrêt du 19 avril 2000 rendu par la Cour de cassation.
 
La mise à pied est une mesure facultative, il s’agit d’une précaution qui intervient en amont d’une éventuelle procédure disciplinaire.
 
Il faut donc bien différencier la mise à pied conservatoire de la mise à pied disciplinaire. Dans le premier cas, la mesure est en attente de la sanction disciplinaire, un licenciement est donc susceptible de suivre la mise à pied. Dans le second cas, il est impossible de sanctionner une deuxième fois le salarié pour le même fait.
 
Pendant la mise à pied conservatoire, vous êtes considéré comme nuisible à l’entreprise, le contrat de travail est alors suspendu et le salaire ne vous sera pas versé. Toutefois, la paie vous sera versée si l’employeur décide finalement de ne pas prononcer de sanction ou de prononcer une sanction moins conséquente, comme un avertissement. La mise à pied conservatoire va alors prendre fin avec le prononcé de la sanction disciplinaire.
 
Il n’y a pas de condition de forme pour recevoir la notification de la mise à pied. Il est d’usage d’avoir recours à un écrit pour des conditions de preuve, comme la durée et la date, mais cependant l’employeur peut très bien vous informer par oral.

Exemple : Un employeur a le droit d’informer par SMS la mise à pied conservatoire de son salarié.
 
De même, le licenciement pour faute grave n’est pas obligatoirement précédé d’une mise à pied conservatoire, de façon que la procédure reste valable même si l’employeur n’a pas eu recours à cette mesure. Information : lorsque le salarié est licencié pour les mêmes faits que ceux à l’origine de la mise à pied conservatoire, le licenciement est privé de cause réelle et sérieuse.
 
La durée est déterminée par votre employeur et est indiquée dans la notification de la sanction. Cette mise à pied doit être proportionnée à la faute que vous avez commise et sa durée maximale est définie dans le règlement intérieur de la société. Une durée inférieure peut tout à fait être choisie.
 
La durée de cette mise à pied est indéterminée puisqu’elle dépend de la procédure disciplinaire qui suivra. Au contraire, la mise à pied sanction doit quant à elle comporter un terme extinctif.
Il vous faut donc retenir que la mise à pied conservatoire n’est pas une mesure disciplinaire, elle doit seulement servir à l’employeur pour justifier la mise à l’écart d’un salarié probablement fautif.
 
Cependant, il est d’usage de laisser à l’employeur la possibilité de se justifier du délai au moyen d’un motif légitime.
 
Exemple : Une durée de deux mois et demi entre la notification de la mise à pied, et l’engagement de la procédure de licenciement ne remet pas en cause, la qualification de mise à pied à titre conservatoire si ce délai s’explique, par la nécessité pour l’employeur de procéder à des investigations, de recourir à une expertise en raison du manque de collaboration du salarié.
 

II. Les voies de recours possibles

 
Il existe donc plusieurs voies de recours afin d’éviter la mise à pied conservatoire et donc d’être sanctionné par votre employeur.
 
Vous ne pouvez absolument pas refuser d’exécuter la mise à pied, vous êtes dans l’obligation de suivre la procédure et de ne pas vous rendre sur votre lieu de travail, car sinon cela pourrait motiver davantage un licenciement.
 
Dès lors que vous êtes mis à pied, votre employeur doit engager rapidement la procédure disciplinaire, et ce avec une convocation à un entretien préalable à licenciement. Si l’employeur s’attarde longtemps, la mise à pied pourra être considérée comme étant disciplinaire, ce qui l'empêche de prononcer une autre sanction envers vous par la suite. Si la sanction prononcée n'est finalement pas un licenciement pour faute grave ou lourde, votre employeur doit vous rémunérer la période de mise à pied conservatoire comme si vous avez effectivement travaillé.
 
Toutefois, vous avez la possibilité de contester la mise à pied conservatoire devant le Conseil de prud’hommes. Si vous obtenez gain de cause, la sanction pourra alors être annulée, vous pourrez regagner votre emploi et le salaire qui n’a pas été payé durant la mise à pied vous sera obligatoirement versé.
 
Vous devez donc avoir des motifs sérieux et concordants pour pouvoir contester l'absence de faute, si vous estimez ne pas avoir commis la faute reprochée. En effet, une durée très longue, entre le point de départ de la mise à pied et le lancement de la procédure de sanction, est souvent considérée comme abusive.
 
Vous pouvez contester la sanction dès lors qu’elle est disproportionnée par rapport à la faute commise.  Vous avez la possibilité de même d’évoquer un vice de procédure. Exemple : L’employeur n’a pas procédé à un entretien préalable.
 
Afin de contrer la décision, vous devez impérativement envoyer une lettre de contestation à votre employeur pour contester la mise à pied conservatoire.
 
Si l'employeur maintient la mise à pied conservatoire, vous pourrez donc saisir le Conseil de prud'hommes, afin de contester la sanction définitive qui a été prise par la suite. Lors de cette action, vous pourrez contester la mesure et donc obtenir gain de cause si le conseil reconnaît que cette mise à pied est injustifiée. Dans le cas d’une annulation d’une mise à pied, l’employeur doit vous rémunérer tous les jours de la mise à pied conservatoire.
 
Cette mise à pied aboutit souvent sur un licenciement pour faute grave ou lourde. L’employeur n’est pas obligé de licencier, il peut toutefois faire machine arrière et décider, ne pas rompre le contrat de travail, s’il s’avère que vous n’êtes pas fautif, et les salaires non-versés vous seront dus.
 
Maître Johan ZENOU, avocat en droit social, prendra fait et cause pour vous si vous êtes sanctionné par votre employeur. Son conseil vous permettra de contester une mise à pied conservatoire et d’obtenir votre retour dans l’entreprise.

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